Livre : Généalogie du mal (JEONG You-Jeong)
Editions Picquier Poche, 2020, 510 pages
Traduit du coréen par Choi Kyungran et Pierre Bisiou)
Il pleut à verse sur une grande résidence en bord de mer. L'accès y est compliqué, et ce grand ensemble apparait bien isolé du reste de la ville. Yujin vit dans un bel appartement avec sa mère et son grand frère adoptif. Un matin, il se réveille et personne n'est à la maison, tout est calme, paisible, mais pesant. Yujin a du mal à se rappeler de la nuit, tout ce dont il se souvient, c'est qu'il s'est échappé une fois sa mère endormie, pour aller "voler" comme il le dit, c'est à dire courir des kilomètres à tout allure. On ne comprend pas trop pourquoi, mais il doit suivre un traitement, et dès qu'il l'arrête, à l'insu de tous, il regorge d'énergie et éprouve cette frénésie de course à pied (les gens sont étranges, parfois.)
Mais ce matin là, il est troublé. Il sent une substance étrange sur ses paupières et peine à les ouvrir. Il est recouvert de sang...
Le but du roman, de ce fait, va être de découvrir ce qui s'est passé pendant cette nuit au cours de laquelle, on le devine vite, il n'a pas fait que courir dans les flaques d'eau. Pour cela, on va creuser la mémoire sélective et abimée de Yujin, et en parallèle plonger dans son histoire et son enfance, jusqu'à percer le mystère de cet étrange syndrome dont il souffre. On n'en sait pas plus que Yujin, on découvre toute l'intrigue au fil du propre cheminement du personnage.
Voici des mois que je lis peu, ou presque pas. Après une longue hospitalisation où je n'avais que ça à faire ou presque, reprendre un rythme plus ou moins normal avec les contraintes liées à mon accident laissent peu de place à la lecture le soir, je m'écroule comme une masse. Mais oh! Les vacances sont là et je retrouve les joies de la lecture, d'enchaîner les livres ! Et ce livre se prête à merveille à de longues heures de lectures ininterrompues ! On se prend au jeu, on veut savoir ce qu'il se passe et cela devient de plus en plus sombre. Au début du roman, on trouve Yujin plutôt sympathique et le considère un peu comme une victime, on a de la peine pour lui. Mais la folle spirale infernale nous tombe rapidement dessus et, personnellement, l'étonnement me prenait à chaque page. C'est un livre qui m'a fascinée tout en me stressant, car on sent la lourdeur de l'intrigue s'installer dans le livre tout comme dans notre esprit. Au fur et à mesure de notre lecture, on change catégoriquement d'avis sur les personnages. Cette atmosphère pesante est accentuée par cette construction du roman en huis-clos. En effet, on sort très peu de cet appartement sinon à travers les souvenirs de Yujin et du journal intime de sa mère.
Un roman donc bien efficace à mon goût, lu en quelques jours (notons que j'avais mis un mois et demi à finir mon livre précédent! (Ca, ça craint, oui.)
Voici, avec ce billet, mon retour sur la blogosphère ! Avec ce nouveau support, car j'aime bien cette idée de cette cabane sur une plage écossaise qui abriterait toutes mes lectures !